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Bande dessinée de la «Fortress Conservation» : Un Héritage de Violence

De la Californie au Congo, les décideurs ont longtemps sacrifié les peuples autochtones au nom de la conservation.

Cette histoire fait partie d’une série Grist sur les droits et la conservation des Autochtones. Il est soutenu par Bay & Paul Foundations et copublié avec High Country News. Read this story in English. Lee esta historia en español.


Transcription

 

Bande dessinée de la « Fortress Conservation » : Un Héritage de Violence

Pour conserver la biodiversité de la Terre, de nombreux pays s’efforcent de protéger davantage de terres et d’océans. Les espaces protégés qui sont des « zones géographiquement définies qui ont été désignées pour atteindre des objectifs de conservation spécifiques et qui sont réglementées et gérées dans ce but », représentent environ 116 % des terres du monde.

On suppose que ce nombre doublera sous l’influence de 30X30, une initiative mondiale visant à protéger 30 % des terres et des océans de la planète d’ici 2030.

De nombreux espaces protégés Conservation de la Forteresse, qui repose sur la conviction que de tels emplacements sont mieux créés sans la présence humaine.

Une fois ces espaces sont mis en place, les communautés autochtones sont forcées de quitter ces territoires, et subissent même des violences de la part des éco-gardes. Depuis 1990, jusqu’à 250.000 personnes dans le monde ont été expulsées de leurs logements pour laisser place à des projets de conservation. Au siècle dernier, 20 millions de personnes ont connu ce même sort.

 

Le Parc National de Yosemite

Le parc national de Yosemite en Californie a été l’un des premiers parcs nationaux créés. Il est le modèle pour le système de parcs nationaux aux Etats-Unis et dans le monde.

Le président Lincoln a déclaré Yosemite une réserve protégé fédérale en 1864 à la suite d’une guerre génocidaire contre les Miwoks qui vivaient dans la région depuis des milliers d’années.

La guerre de la vallée de Yosemite est liée à la période historique de la ruée vers l’or qui a eu lieu entre 1849 et 1851 en Californie, lorsque des dizaines de milliers de colons ont envahi la région dans l’espoir d’y trouver un moyen de s’enrichir. Cet épisode est connu comme le « génocide de Californie ». En effet, la population des peuples autochtones de la région a alors chuté de 300.000 individus à 30.000.

L’invasion des colons à Yosemite a déclenché une série d’affrontements, qui ont abouti à la guerre de Mariposa (1850-1851). Pour combattre les Miwoks, l’État de Californie a financé une milice, le bataillon de Mariposa.

Après une série de raids sanglants et de batailles qui ont mené à la mort de dizaines d’autochtones et à la destruction de leur village. Les Miwoks ont capitulé en mai 1851. La plupart des survivants ont été forcés de déménager dans des réserves à l’extérieur de la vallée de Yosemite.

En 1890, l’écologiste John Muir a dirigé un mouvement qui a fait de la vallée de Yosemite un parc national, ouvrant la voie à l’ensemble du système de parcs nationaux américains. Salué comme un héros national, Muir était un raciste qui considérait les Miwoks comme « la quintessence de la laideur, et certains d’entre eux comme tout à fait hideux ». Muir considérait son saint parc Yosemite comme un paysage virginal et selon lui les Miwoks « ne semblaient pas avoir leur place dans celui-ci ». Il a même dit « j’étais heureux qu’ils ne gâchent plus le paysage » une fois que ces derniers eurent été délocalisés.

Malgré leur réinstallation forcée, certains Miwoks sont restés dans la vallée de Yosemite ou sont revenus plus tard, beaucoup travaillant dans l’industrie du tourisme. Néanmoins, ces derniers ont été expulsés ultérieurement en 1906, 1929 et 1969, lorsque le National Park Service a démonté leurs derniers logements.

En 2018, le service du parc a accordé aux membres de la tribu Miwok l’accès à leur maison ancestrale qui se trouvent à l’intérieur du parc, où ils ont construit une rotonde traditionnelle ainsi que des pavillons dédiés aux cérémonies culturelles.

 

Le forêt Alto Mayo

La forêt d’Alto Mayo, dans la région de la forêt amazonienne au nord du Pérou, couvre environ 1812.99 km carrés et abrite 72 communautés autochtones Kichwa. Pour les Kichwa, la forêt demeure une ressource importante pour la chasse, la pêche et la cueillette de plantes médicinales.

En 2001, le Pérou a créé le Parc national Cordillera Azul. La zone de conservation régionale de la Cordillera Escalera a été créée 4 ans après, elle est aussi située sur le territoire traditionnel Kichwa.

Le gouvernement a agi sans le consentement des Kichwa, ni aucune considération pour leur lien ancestral avec la terre, et a revendiqué le contrôle exclusif des forêts, déclenchant des tensions et des conflits violents.

Cette région est devenue un projet REDD+ (Réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts) en 2007, suite à une collaboration entre “Conservation International” et le service délégué à la protection des espaces naturels du gouvernement péruvien.

gouvernements, aux entreprises agroalimentaires et aux communautés de vendre des crédits carbones. En contrepartie, ces derniers doivent agir en faveur de la prévention contre la déforestation. Le conflit entre les Kichwa et l’État s’est intensifié.

Parmi les acheteurs de crédits carbones on retrouve la société minière BHP, Microsoft, United Airlines et Gucci. En 2023, plus de 45 millions de dollars de compensations carbones ont été vendus. Walt Disney Co., en s’accaparant plus de la moitié des crédits, est devenu le plus gros acheteur.

Les forêts tropicales stockent des milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans les arbres et le sol. Lorsque les bûcherons et les agriculteurs défrichent la forêt, ils libèrent du carbone. Des entreprises comme Disney investissent dans des projets comme REDD+ pour compenser leurs propres émissions de carbone, telles que celles produites par les navires de croisière de Disney.

Pour encourager les gens à ne pas défricher les terres, Conservation International propose aux résidents des « accords de conservation », dont certains incluent un soutien à des exploitations de café équitables.

Les rondas campesinas mènent la résistance contre l’appropriation par le gouvernement des terres Kichwa. Les groupes d’autodéfense autonomes ont vu le jour dans les années 1970, lorsque les paysans indigènes se sont organisés pour défendre leurs terres et leurs communautés.

Dans le cadre de leur campagne d’autodéfense, les rondas se sont battus et ont même retenu des policiers et des gardes forestiers qui tentaient d’expulser certains d’entre eux. En 2018, le responsable régional de Conservation International a été contraint de fuir.

Aujourd’hui, les Kichwa continuent leur lutte pour défendre leur culture et leurs terres.

 

Le Parc National Kahuzi-Biega

La República Democrática del Congo, o RDC, creó el Parque Nacional Kahuzi-Biega en 1970. Ocho aLa République démocratique du Congo, ou RDC, a créé le parc national de Kahuzi-Biega en 1970. Elle a agrandi le parc huit ans plus tard pour y inclure des zones de plaine habitées, forçant l’expulsion des peuples autochtones Batwa. Le gouvernement a employé à plusieurs reprises des gardes pour garder le parc et des soldats armés pour procéder à ces expulsions, incendiant des villages à cette occasion.

Les Batwa, un peuple semi-nomade vivant dans la forêt, ont été les victimes de décennies de dépossession, de pauvreté, de malnutrition, de maladies et de taux de mortalité qui n’ont cessé de grimper en flèche suite à leur expulsion de leurs terres.

Le parc a été désigné site du patrimoine mondial par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, ou UNESCO, et les États-Unis et l’Allemagne, ainsi que des organisations non gouvernementales, principalement la Wildlife Conservation Society ont alors commencé à le soutenir et à le financer.

Au fil du temps, le parc est devenu une zone protégée militarisée et une destination touristique, réputée pour sa grande diversité d’espèces végétales, d’oiseaux et d’animaux.

Pour s’assurer que les peuples autochtones ne retournent pas dans le parc, la RDC et les autorités du parc one crée une « unité d’intervention rapide » –une force militarisée financée et équipée en partie par la Wildlife Conservation Society et dotée d’uniformes, de radios, de tentes, de rations et d’autres formes de moyens d’intervention non létales.

La présence de groupes rebelles armés qui s’opposent à l’État pour le contrôle de cette région a contribué à la militarisation de cette dernière.

Après des années de négociations qui n’ont abouti qu’à peu de changements, plusieurs dizaines de familles Batwa sont retournées dans les forêts et ont reconstruit des villages ainsi que des centres agricoles et culturels en octobre 2018.

Rapidement après avoir réoccupé leurs terres ancestrales, les Batwa ont été victimes d’actes de violence de la part de la RDC. Parmi ces actes de violence on retrouve trois opérations majeures qui ont lieu en 2019 et 202, durant lesquelles des gardes du parc et des soldats les ont attaqués au fusil d’assaut, au mortier et au lance-roquettes, tuant et mutilant dans la foulée des dizaines de personnes.

Des femmes Batwa ont été victimes de viols collectifs et des enfants ont été brûlés vifs dans leurs maisons alors que les forces gouvernementales incendiaient leurs villages.

Des centaines de Batwa ont été expulsés, mais beaucoup reviennent pour reconstruire leurs villages mais ils font face à une répression continue de la part des autorités du parc et des forces militaires.

L’objectif de ces opérations est de maintenir ces espaces comme des zones de nature sauvage inhabitée mais cependant accessibles et ouvertes aux touristes et aux écologistes. Cette pratique est par ailleurs une pratique emblématique de la stratégie de « conservation des forteresses ».

Les décideurs autochtones sont inquiets; il ne reste que sept ans pour étendre de 14% la protection des terres et des océans: près de 80% de la biodiversité mondiale restant se trouve dans les territoires autochtones. Ceci représente un quart de la surface de la Terre.

« Bien que vouloir étendre de 30% la part d’espaces protégés soit un objectif louable, les peuples autochtones n’ont pas encore été suffisamment assuré que leurs droits seront préservés dans le processus quant à la préservation de leurs droits dans le processus », a déclaré José Francisco Calí Tzay, qui fait partie de la communauté Maya Kaqchikel et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

« Les véritables causes qui ont mené au déclin de la biodiversité, tels que l’industrialisation, la surconsommation et le changement climatique, doivent être traitées. Vouloir simplement étendre la surface mondiale d’espace protégé sans garantir les droits des peuples autochtones qui en dépendent n’est pas la solution ».

 

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Auteur et artiste : Gord Hill est l’auteur de deux romans graphiques, The 500 Years of Resistance Comic Book et The Anti-Capitalist Resistance Comic Book. Il est membre de la nation Kwakwaka’wakw dont le territoire est situé dans le nord de l’île de Vancouver et sur le continent adjacent dans la province de la Colombie-Britannique. Il est impliqué dans les mouvements autochtones et altermondialistes depuis 1990. Il vit à Vancouver.

Ce projet a été soutenu par Bay & Paul Foundations

Monteurs : Tristan Ahtone et Chuck Squatriglia
Chercheur : Tushar Khurana
Rédacteur en chef : Kate Yoder
Traduction espagnole : Nathalie Herrmann
Traduction française : Leah Powers
Direction artistique supplémentaire : Mignon Khargie

Licence : ©2023 Grist 

Intéressé à republier cette histoire? Envoyez un e-mail à .

This story was originally published by Grist with the headline Bande dessinée de la «Fortress Conservation» : Un Héritage de Violence on Apr 12, 2023.


This content originally appeared on Grist and was authored by Gord Hill.


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